La Chronique Chartreuse - 1er Jour

Publié le par jub

Je ne réalise qu'aujourd'hui comme cette première journée était physiquement intense.
Je comprends du coup pourquoi les jours qui suivront furent si compliqués à gérer.

1700m de dénivelé positif en une seule journée.
3 gros efforts à produire.
Trop pour une première journée.

En reparcourant les quelques notes prises sur mon moleskine ce jour-là, me reviennent aussi en mémoire les symboles que j'avais noté durant la toute première heure de cette ascension.

Le plus compliqué pour moi dans ce tour fut de prendre la "Bastille"...
Atteindre ce fort qui surplombe Grenoble de quelques centaines de mètres. Première ascension brutale de cette traversée.

Il n'est pas encore 8h quand je traverse le pont qui sépare mon hôtel du début de cette expédition solitaire...
Le parc par lequel débute mon chemin n'ouvre qu'à 9h...
"Rien ne sert de courir, il faut partir à point" (La Fontaine style)

Je contourne ce premier contre-temps en empruntant temporairement un autre chemin.
Une demie-heure plus tard, à quelques centaines de mètres de l'arrivée à la Bastille, ce chemin s'avère être une impasse. Je suis bloqué devant une porte du fort, alors que ma carte prétendait que je pouvais passer...
Je fais les cent pas devant ces murs de pierre pour trouver une issue. En vain...
"Parfois, quoiqu'il soit écrit, il faut savoir admettre que cela ne peut pas marcher"

Je fais donc demi-tour. Après cette première heure catastrophique, dans la lignée de 48h de somatisation du stress d'échouer à réaliser seul cette traversée, j'envisage même de prendre un taxi pour court-circuiter une partie de cette première étape.
"Quand on a un objectif clair, reculer n'est pas signe d'abandon"

Je redescend pourtant, résolument déterminé à combattre mes peurs, et convaincu que le chemin sera désormais ouvert.
"Quand on a un objectif, malgré les obstacles, il faut garder la foi"

A tout hasard, je me faufile tout de même un peu plus bas sur ce qui ressemble à un début de chemin. J'arrive au pied d'un escalier longeant un mur haut de 3m, qui me sépare du chemin sur lequel je devrais être. Je monte ces escaliers, écartant au passage les arbustes qui gênent mon avancée. En haut de cette dizaine de marches en pierre, je hisse ma tête par dessus le mur pour apercevoir mon véritable chemin. Pour l'atteindre, je vais devoir éxécuter une petite escalade. Rien de dangereux, ni d'aisé. Mais une fois de l'autre côté, je comprends...
"Il faut parfois explorer des sentiers non battus, prendre quelques risques mesurés,  pour enfin être sur son chemin"

15 minutes plus tard, j'arrive enfin au fort de la Bastille. Ma révolution est faite. Ce pélerinage ira jusqu'au bout, quoiqu'il m'en coûte physiquement...

Un peu plus loin ce jour-là, alors que j'ai terminé la montée "cardiaque" jusqu'au Fort Saint-Eymard, mon chemin me conduit dans le brouillard devant l'entrée de ce tunnel piéton sur la crête qui domine Grenoble. L'air est humide. La température est fraîche. La scène est onirique. Je parcours ce tunnel sombre (hic), fixant la lumière qui m'attend tout au fond, et saluant symboliquement les esprits que j'imagine danser autour de moi.

Quelques heures plus tard, j'aperçois enfin le col de Porte et
le gite où mon hôte bien sympa et une couche peu confortable m'attendent. Alors que le brouillard m'a accompagné depuis mon départ de Grenoble, le soleil fait enfin l'effort de venir me saluer. Juste quelques instants. 1 ou 2 minutes tout au plus. Juste pour que je comprenne...

Je suis sur le chemin...

A suivre...


Publié dans En Vadrouille

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A
Respect ! :)
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Z
Heureusement, que je ne savais pas... bravo. quand je pense à ce petit garçon un peu peureux et guère intrépide que tu étais. Quel homme tu es devenu!!!!!!!!!
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